COP 21 : quelle histoire pour notre destin climatique ?

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Cette semaine, c’est un article un peu atypique par rapport à ma ligne éditoriale habituelle que je publie sur ce blog : la COP 21, conférence de Paris sur le climat, commence demain, 30 novembre, jusqu’au 11 décembre, et l’objectif annoncé de cette conférence est de trouver, pour reprendre les mots de François Hollande, un accord à la fois universel et contraignant pour parvenir à limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C à l’horizon de 2100.

Rendez-vous annoncé comme incontournable, ce qui d’ailleurs a fait qu’il soit maintenu en dépit des attentats d’il y a deux semaines, il se veut être le symbole d’une véritable cohésion entre les états pour la sauvegarde d’une planète malheureusement bien mise à mal par la démesure de nos modes de vie.

De fait, la COP 21 se révèle, bien au delà de son utilité et des mesures qui y seront, ou non, prises, un véritable enjeu politique, et donc un exemple particulièrement intéressant de storytelling politique. D’autant plus qu’entre l’histoire officielle qui sous-tend les présupposés idéologiques de la COP 21, et l’histoire que réclame les associations écologistes, en marge de ce rendez-vous, ce sont deux visions du monde qui se confrontent, deux quêtes différentes, qu’il est essentiel de bien appréhender.

C’est l’histoire de l’humanité qui, sous nos yeux, est en train de se faire, et c’est cette, ou ces histoires passionnantes qui feront ce que sera notre monde demain.

COP 21 : sauvegarde de notre planète vs préservation de nos modes de vie

Les sondages qui circulent sont assez édifiants : si plus de 80% des individus déclarent que la sauvegarde de notre planète doit être un enjeu politique prioritaire, et avoir peur des conséquences du réchauffement climatique qu’ils estiment dangereux, c’est à peine 30% qui se déclarent prêts à modifier leur mode de vie en conséquence.

Ainsi donc, une majorité estime, à tort, n’avoir aucune responsabilité vis-à-vis du réchauffement climatique, délégant cet responsabilité au niveau des États. À eux de faire le nécessaire pour que nous puissions continuer, envers et contre tous, à consommer comme nous l’avons toujours fait, c’est à dire surconsommer encore et encore.

Du côté des associations, cela ne fait aucun doute : seul un changement de nos modes de vie profond aura un impact durable et positif sur notre planète : l’adoption de modes de consommation responsables et conscients, dans chaque acte de consommation, pour ne consommer que ce qui est absolument nécessaire.

Sauf que de tels modes de vie dessinent une histoire aux antipodes d’une économie mondialisée qui présuppose, pour pouvoir fonctionner et produire de la richesse, une augmentation toujours plus importante de la consommation.

C’est pourquoi la question de nos modes de consommation reste désespérément absente de la COP 21, alors qu’elle y aurait toute sa place : l’histoire dessinée par la COP 21 se révèle être l’histoire d’une tentative de préservation de nos modes de vie voulus comme irresponsables pour la sauvegarde, certes de notre planète, mais avant toute chose d’un système économique mondial qui aurait tout à perdre d’une prise de conscience collective.

COP 21 : sous les questions climatiques, des questions bien trop économiques

Les questions énergétiques sont ainsi au centre des débats qui auront lieu lors de la COP 21 : des questions énergétiques essentielles, puisque les énergies fossiles utilisées aujourd’hui majoritairement dans nos industries sont les premières responsables du réchauffement climatique.

Ne pas agir du tout verrait une augmentation de la température globale de près de 5° d’ici 2100, ce qui aurait des conséquences dramatiques.

Bien entendu, le fait que nos réserves d’énergies fossiles soient au plus bas joue un rôle déterminant dans le fait que ces questions prennent un caractère aussi crucial : continuer à les exploiter devient désormais (enfin ?) moins rentable que d’envisager la production d’énergies totalement renouvelables.

Produire toujours plus nécessite toujours plus d’énergie pour maintenir une consommation toujours plus forte : parce que la question de la production d’énergie est la condition nécessaire du maintien de notre système économique, la production d’une énergie non seulement propre, mais également en toute autonomie pour chaque pays revêt dès ce moment une importance toute particulière.

Et c’est là que ce situe une des limites de la COP 21 : comment parvenir à un véritable accord et à des décisions qui nous engageront de manière durable lorsque l’économie d’une part importante des pays représentés repose justement sur la production d’énergie fossile, de ce que justement on sait qu’il faut limiter, voire éradiquer pour notre survie ?

COP 21 : trop de questions désespérément absentes des débats

Malheureusement, par delà les questions énergétiques, trop de questions restent désespérément absentes des débats qui s’annoncent à l’occasion de la COP 21 : des questions qui, heureusement, seront portées par les associations en marge de l’événement.

Ces questions sont justement celles qui remettent en cause de manière profonde nos modes de vie à travers nos modes de consommation. Parmi celles-ci en est une particulièrement importante : celle de la production toujours plus industrialisée de viande et, généralement, de produits alimentaires d’origine animale.

Pourtant on sait aujourd’hui que la production de viande est responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre, et qu’une diminution importante de notre consommation de viande aurait un impact tout aussi positif qu’une diminution de moitié du parc automobile mondial ! (source : http://www.viande.info/elevage-viande-gaz-effet-serre)

Et cette question n’est qu’une question parmi toutes celles qu’il faudrait réellement aborder…

Aujourd’hui, nos modes de vie ont un impact important sur le réchauffement climatique, et si leur remise en cause a été éludée par la COP 21, ils restent pourtant eux aussi responsables pour une part importante de la catastrophe écologique qui se prépare sous nos yeux. Or, cette question ne fera pas partie de l’histoire que nous prépare la COP 21 : heureusement, l’histoire n’appartient pas qu’à celle-ci. Les associations, et en dépit de l’annulation de toutes les manifestations en marge du sommet international, aura elle aussi son mot à dire.

 

La COP 21 commence et suscite de nombreuses questions, notamment concernant l’impact réel des débats qui auront lieu. Elle a néanmoins une vertu : celle de replacer les multiples histoires des États participants dans une histoire universelle dont nous serons tous partie prenante. Mais de quelle histoire voulons-nous exactement ? N’est-il pas, justement, temps de prendre conscience de notre responsabilité climatique individuelle pour commencer à vivre ensemble autrement ? Réaliser que chacun de nos actes impacte nécessairement le tout, et qu’aucune action individuelle ne peut être considérée comme négligeable ?

À nous de faire que la COP 21 soit un rendez-vous qui fasse réellement sens !


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